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{27.5.04}

 
plus ça change...

Une nouvelle aventure virtuelle commence : chacun pour soi, un blog collectif regroupant la plupart des anarcho-capitalistes du forum liberaux.org. Le soussigné participe évidemment au projet.

J'avoue ne pas encore trop savoir quel sera l'influence de cette heureuse naissance sur ce blog-ci, mais a priori, rien ne changera. Chacun pour soi se veut plus nerveux et proche de l'actualité que je ne l'ai été jusqu'à présent, tout dépendra donc de l'affectation du temps dont je dispose pour faire le guignol sur le net.

Mais trève de bavardages, gentil lecteur, nunc est bibendum ! Un petit voyage vers chacun pour soi s'impose...
posted by melodius 27.5.04



{5.5.04}

 
der Untergang des Abendlandes

Zek a publié ces derniers jours quelques articles qui ont eu l’heur d’énerver certains lecteurs et de provoquer un dialogue (d’intérêt très variable…) avec d’autres.

L’événement est de taille (enfin, dans le microcosme libéral francophone et virtuel …) puisque c’est la première fois que notre star de la blogosphère explicite quelque peu la vision du monde qui informe ses billets au vitriol.

Cette perspective se fonde paraît-il sur la théorie des « memes » dont le créateur est le biologiste britannique néo-darwinien Richard Dawkins. En bref, le meme serait l’équivalent intellectuel d’un gène. Il serait soumis, mutatis mutandis, à des pressions de type évolutionnaire et donc à la sélection naturelle. Par conséquent, le succès d’une idée politique ou religieuse peut être évalué par l’observation du groupe humain qui la professe. J’avoue ne toujours pas saisir si les adeptes de cette théorie la considèrent comme une métaphore particulièrement fertile ou s’ils lui attribuent une existence réelle.

D’après Zek, la tâche de l’intellectuel libéral consisterait à concevoir et à disséminer des memes liberaux aptes à survivre au « struggle for life » du monde des idées, étant entendu qu’un meme libéral trop pur (comme le meme libertarien par exemple) s’il est d’une rare beauté, ne saurait survivre longtemps par lui-même, faute d'être mâtiné d’autres memes indispensables à sa survie, du genre vertus militaires ou taux de fécondité élevé.

La première question que l’on peut se poser, dans le monde dépourvu de valeurs autres que vitales que semble habiter Zek, c’est pourquoi diable il nous faudrait défendre des idées libérales, puisqu’en Occident, le meme politique qui a gagne la course est la social-démocratie. De la même manière, et toujours dans une perspective zékienne, à quoi bon s'évertuer à promouvoir un meme faiblard comme le libéralisme, déjà défait par le meme social-démocrate, pour faire face au (soi-disant) super-meme islamiste qui menacerait la civilisation occidentale ? C’est d’ailleurs ce que semblent suggérer plusieurs des derniers articles de Zek, dans lesquels il observe notamment que la mutation islamiste du meme réac (qui perdure grâce à une extraordinaire faculté à parasiter jusqu’aux memes qui lui paraissent les plus inamicaux...) fait preuve d’une vitalité qui ferait tristement défaut au meme social-démocrate pédé, métissé, permissif, jouisseur, partouzeur, bref, on connaît la musique.

On n’en est pas encore au « If you can’t beat them, join them » que lui reprochent déjà certains (ex-) fans, mais on s’en rapproche à grands pas. En attendant, l’homme de goût, haut perché dans sa tour d’ivoire, observe avec mépris et parfois avec tristesse la décadence de la civilisation occidentale, incapable de faire face à des forces certes barbares, mais dotées de la virile vitalité qui fait défaut aux fins de race que nous sommes. Plus qu’une réflexion politique, puisque le combat contre les memes barbares est perdu d’avance, la pensée zékienne est donc une catégorie esthétique, une Pavane pour une Europe Défunte.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la pensée zékienne se réduit donc, en ultime analyse, à un pessimisme culturel irrationnel et tout spenglérien, qui semble consubstantiel à l’irruption du darwinisme dans la pensée politique, comme en témoigne à peu près toute la littérature politique du romantisme à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le seul (et maigre) espoir se trouverait de l’autre côté de l’Atlantique, où survit une mutation du meme libéral, une culture de pionniers couillus qui n’ont pas peur de se salir les mains lorsqu'il le faut.

On peut adresser de nombreuses critiques à une telle vision du monde. Tout d’abord, rien ne démontre qu’elle correspond à une quelconque réalité. Le meme existe-t-il ? En admettant que ce soit le cas, le meme social-démocrate mâtiné de jacklanguerie est-il réellement menacé par le meme islamiste, ou est-il au contraire en voie de détruire définitivement les cultures non-occidentales ? Partant, le meme islamiste (ou assimilé, pour les pays de tradition autre que musulmane) est-il réellement un superorganisme promis à un avenir brillant ou au contraire un anti-corps tristement inefficace et menacé de disparition à court terme, maintenant qu’il a commencé à s'attaquer à ses sociétés hôtes ? Plus fondamentalement, comme le relève très pertinemment Hobbes2004, un des interlocuteurs de Zek, ne détruit-on pas le meme libéral en l’associant à des memes létaux pour lui, comme le démontrent les problèmes insolubles auxquels doit faire face le grand oxymoron qu’est une société libérale en guerre ? Qu'est-ce que la culture occidentale sans les valeurs centrales du libéralisme, que même la social-démocratie n'a pu détruire ? Quand le pessimisme devient-il défaitisme et trahison ?

Je refuse pour ma part de me réfugier dans mon castel et de hisser le pont-levis. Je crois, selon les termes un peu grandiloquents d’un grand anti-nihiliste incompris, que la vocation de l’être humain est de devenir un enfant, un nouveau commencement et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, un "oui" sacré. Je crois que seule la liberté et l’échange permettent à l’homme de se réaliser et aux civilisations de briller. Je crois que la civilisation occidentale, malgré quelques épiphénomènes, auxquels il faut certes être attentif, mais sans y attacher plus d’importance qu’ils n’en ont, est plus forte et attrayante que jamais, pourvu qu’on ne laisse pas étouffer ce par quoi elle se définit prioritairement (souvent à tort, mais qu’importe) : la liberté.

L’heure n’est pas aux lamentations, elle est à l’action, et donc à l'optimisme et à la joie qu'inspire la perspective du travail qui s'annonce. Ceux qui ne sautent pas sont socialistes !
posted by melodius 5.5.04


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