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{17.7.03}

 
drapeau libertarien



A propos du « Gadsden Flag », lisez ceci

Reste à traduire Don't tread on me.

Je propose Bas les pattes !
posted by melodius 17.7.03

 
alceste et son voisin

Bonjour Melodius,

En réaction à ta dernière chronique, je me permets de t'adresser un courrier adressé par mon voisin à l'une de ses connaissances résidant actuellement à la prison de Saint-Gilles. J'ai intercepté ce courrier.

Ce courrier dit ceci :

Quelle surprise, hein ! de voir Laurette à la justice. Moi, je ne m'y attendais pas, en tout cas. Parce que la politique, c'est crapule et compagnie.

Maintenant, au moins, on va donc avoir droit à du social.

Et c'est bien, mec, c'est bien. Parce que moi, franchement, je n'en pouvais plus.

J'évoque brièvement ma vie. Cette vie n'a pas été facile pour moi. Dans une société normale, douzième d'une famille de 16, je serais resté vivre avec mes semblables, dans un ghetto où on aurait partagé à 25 une cuvette sale.

Pas facile, certes, mais quand même rassurant. J'ai un Q.I. de 45, et ma moitié tout juste 20 (c'est une petite moitié, mais j'ai rien trouvé d'autre). On a 8 enfants, parce que j'oublie chaque fois de mettre une capote - c'est con, hein, si je peux dire ? Eh bien, dans mon ghetto, pas de problème. Mes voisins me comprenaient, et je les comprenais aussi. On parlait la même langue de 800 mots.

Mais je vis en Belgique, et on m'a dit : plus de guettos. Plus de classes. Tous sont égaux, surtout toi, et tu as le droit fon-da-men-tal de vivre dans une belle maison avec trois télés et une antenne parabolique, et tu as le droit fon-da-men-tal d'aller en vacances de temps en temps avec ta belle et grande famille. Tu ne travailles pas - parce que, pas question de travailler que j'ai répondu -? Pas grave, ce n'est pas fondamental, et d'ailleurs, pour que tu aies les moyens de jouir de tes droits fon-da-men-taux, on te donne le droit fon-da-men-tal au chômage et le droit fon-da-men-tal aux allocations familiales, et d'ailleurs on va faire en sorte que celles-ci croissent exponentiellement, pour que tu aies de plus en plus de revenus avec seulement de plus en plus en moins d'enfants.

C'était bien et j'ai quitté mon cul-de-basse-fosse, et j'ai acheté une belle maison dans un quartier propre.

Mais j'ai vite vu que c'était moins simple que prévu. Par exemple, mon salopard de voisin, il ne supporte pas mes gosses. Sous prétexte qu'il travaille toute la journée et sa femme aussi et qu'ils n'ont qu'un seul enfant (pas ma faute qu'ils n'ont baisé qu'une seule fois, quand même), mes morveux ne pourraient pas taguer sa maison et on devrait couper la chaîne Hi-Fi à crédit après minuit ! Et puis quoi encore ? Pééédééé connard j't'encule, que je lui ai dit quand il est venu tout mielleux pour essayer de trouver un arrangement amiable et un apaisement comme y dit.

Et tu vois, mec, c'est là que j'ai compris que dans la vréévie, il n'y a pas de justice sociale.

Parce que mon voisin, Pééédééé connard j'l'encule, il a pris un avocat et il m'a attaqué en justice.

Donc, j'ai été chercher un prodeio. Et ben, tu sais quoi ? Ils m'ont refilé un faux avocat pour se battre contre le vrai avocat payant que mon voisin il a pris. J'ai eu beau leur expliquer que le maître stagiaire qu'on me donnait, il ne ferait pas le poids, ils n'ont rien voulu entendre.

Dégueulasse hein ? Tout ça parce que c'est gratuit. Et ça sert à quoi, alors, que mon voisin, Pééédééé connard j'l'encule, il paye des impôts, si l'avocat gratuit que j'ai c'est qu'un stagiaire ?

Cela dit, j'ai quand même gagné. Parce qu'à un moment, mon voisin, il n'a plus pu suivre. Avec sa femme, ils ne gagnent que 1.500 € par mois, si j'ai bien compris (hallucinant, hein ? En travaillant chacun du matin au soir !! Je le crois pas) et à un moment donné, avec le crédit de leur maison, ils ont dû choisir entre les stages de leur gosse et la provision de leur avocat. Moi, j'ai le chômage, et ma femme aussi, et avec les allocations et le travail au noir, on se fait dans les 5.000 € par mois facile, mais au prodeio ils ne tiennent compte que du chômage. Donc c'est gratuit.

Mais bon, qu'est-ce qui se serait passé si mon voisin, Pééédééé connard j'l'encule, n'avait pas abandonné ? Hein ? et bien, j'aurais perdu. Parce que la justice, c'est crapule et compagnie.

Donc, je le dis, le système est mal fait et c'est toujours les riches qui s'en tirent.

Heureusement, donc, que Madame Laurette va arranger tout ça. Elle va donner plus de sous au prodeio, et donc je pourrai prendre n'importe quel avocat, même un cher, parce que, on me l'a dit, j'ai le droit fon-da-men-tal à avoir un avocat cher gratuit. C'est ça la justice sociale.

Et donc, je pourrai continuer à ne pas respecter les règles de la société, à ne respecter aucun de mes engagements. J'arrêterai de payer les mensualités de la caravane résidentielle et la société de crédit ne pourra rien me faire. Je pourrai continuer à faire chier mon voisin, à mettre ma musique à fond et sentir les odeurs de friture, et les gamins pourront encore aller taguer le quartier et ne pas payer le bus. A chaque fois j'irai prendre un avocat cher gratuit.

En fin de compte, drôlement bien fait de quitter mon auge. Et drôlement bien fait de voter socialiste. Je suis allocataire social et donc je suis le roi du monde socialiste de Belgique.

Merci Laurette !


J'ai juste corrigé la plupart des fautes d'orthographe, et j'ai ajouté la ponctuation inexistante à l'origine.

Alceste
posted by melodius 17.7.03



{14.7.03}

 
justice prolétarienne

Et voilà, finie la tranquillité, on a un gouvernement. On ne se portait pourtant pas trop mal sans, non ?

Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, Laurette Onckelinx a été nommée Ministre de la Justice. On connaissait la menace avant même les élections, mais, naïvement, j’espérais que le Seigneur nous épargnerait cette nouvelle épreuve. Pas de chance, il faut croire qu’Il était aux abonnés absents. Décidément, ça devient une habitude !

La ministérielle et socialiste épouse de l'avocat et professeur à l’Université Libre de Bruxelles Marc Uyttendaele (tiens, on parie qu’il sera l’avocat de l’état belge ?) a tout de suite annoncé la couleur : elle privilégiera « l’accès à la justice ». Elle s’efforcera donc notamment de « libérer » (ha ha !) des fonds pour le pro-deo et de mutualiser les frais de justice et d’avocat, « à l’instar de ce qui se fait pour les soins de santé », le tout avec la collaboration des barreaux, qui voient avec gourmandise la manne publique qui bientôt tombera dans leur escarcelle.

Ca fait un bail que les barreaux réclament l’augmentation du budget de l’aide juridique, l’introduction d’une assurance obligatoire et l’augmentation du plafond de revenus donnant accès à l’aide juridique. Il ne faut en effet pas être grand clerc pour s’apercevoir que de telles mesures feront augmenter exponentiellement le nombre de procédures menées avec l’assistance d’un avocat...

On va donc encourager l’introduction de procédures qui, par hypothèse, portent sur des montants peu importants et sont donc anti-économiques. Comme d’habitude, les bénéfices seront pour les malins qui sauront profiter du système et les frais seront supportés par la collectivité, toujours bonne fille.

On promouvra la chicane aux frais du contribuable, pour le plus grand bonheur des emmerdeurs et des robins en mal de clientèle.

S’il y a des questions qu’on ne se pose pas, en revanche, c’est par exemple l’impact qu’aura l’augmentation du nombre de procédures sur le fonctionnement de juridictions déjà surchargées, ou encore le gouffre financier que pourrait créer cette justice bolchévisée.

Mais qu’importe ? Il faut « communiquer », montrer qu’on fait quelque chose pour « les gens », mot de code désignant en l'occurrence les avocats, dont une part non négligeable sont des bobos compagnons de route du PS, ceci expliquant sans doute cela.

Et si la justice se casse définitivement la gueule, eh bien tant mieux, ça permettra de virer tous ces magistrats si peu pliants et d’enfin « réformer » dans un sens plus conforme aux intérêts de nos maîtres. Quant à la charge financière supplémentaire que Laurette s'apprête à placer sur le dos du citoyen belge qui n'en demandait pas tant, il faut vraiment être un personnage anti-social et d'une vulgarité confinant au libéralisme pour oser s'en inquiéter.

Putain de pays !
posted by melodius 14.7.03



{9.7.03}

 
quelques nouveaux liens

J'ai décidé d'un peu modifier ma rubrique de liens; d'abord, j'ai scindé les sites et blogs écrits par des amis, c'est-à-dire des personnes que je fréquente régulièrement dans la vie et/ou sur le net, et les autres. Ensuite, j'ai rajouté quelques nouveaux liens.

Je précise que je ne suis pas nécessairement toujours d'accord avec ce que je lis sur ces blogs, mais je les trouve intéressants et stimulants.

Je voudrais aussi signaler que Urgesat !, le blog de mon ami Sylvain, s'est divisé en quatre, et qu'il faut désormais y ajouter Urgesat ! Science Fiction, un blog consacré à la SF liberatarienne et anarchiste, Urgesat ! Larry Niven consacré à l'écrivain SF américain Larry Niven (je sais, vous n'aviez pas deviné) et enfin Urgesat ! Education consacré à l'école. Sylvain est instituteur et sait à ce titre mieux que bien d'autres de quoi il parle !

Je ne les répertorie pas tous dans la liste des liens afin d'avoir de la place pour les autres, mais vous engage néanmoins très vivement à les visiter. Vous verrez qu'il ne s'agit pas de billets d'humeur, mais de comptes rendus et de critiques de livres, toujours très pertinents et documentés. A ne manquer sous aucun prétexte !
posted by melodius 9.7.03



{7.7.03}

 
les conservateurs américains

J’ai regardé samedi soir « Tout le monde en parle » (la preuve…). Eté aidant, ils rediffusent pendant l’émission un petit « best of » depuis janvier, et j’ai eu la surprise d’y voir apparaître William Kristol himself, le pape des néo-conservateurs américains.

Ardisson l’a d’ailleurs qualifié comme tel, mais sans expliquer aux téléspectateurs ce qu’est un néo-conservateur. Il faut dire, vu les calembredaines gaucho/bien-pensantes qui ont suivi (notamment au sujet des impôts de Florent Pagny…) que toute division du monde autre que « gentil progressiste/méchant réac » ne doit pas l’intéresser autre mesure.

Toujours prêt à pallier aux déficiences de l’intelligentsia, je voudrais donc offrir à mes fidèles lecteurs un petit panorama de la droite américaine et expliquer notamment ce que sont les néo-conservateurs.

Le Conservatism FAQ de Jim Kalb référencie les espèces suivantes :


  • libertariens
  • « mainstream conservatives »
  • néo-conservateurs
  • paléo-conservateurs
  • paléo-libertariens
  • « néo-paléoconservateurs »


Le terme « mainstream conservatives » désigne une sensibilité plutôt qu’une école de pensée. Ils représentent - par définition - l’écrasante majorité des conservateurs américains.

Les « néo-paléoconservateurs » sont à peu près négligeables, même s’ils possèdent cette caractéristique intéressante (à défaut d’être enthousiasmante) de s’intéresser aux idées de la nouvelle droite européenne et d’Alain de Benoist.

Libertariens et paléo-libertariens sont ces tenants de l’ultra-libéralisme honni qui poussent le vice jusqu’à l’anarcho-capitalisme (je m’honore d’être du nombre) ou du moins au désir d'un état minimal. Les seconds diffèrent des premiers principalement par leur radicalisme et par une culture plus conservatrice. A ce titre, ils sont très proches, à bien des égards, des paléo-conservateurs.

Les paléo-conservateurs sont, comme le nom l’indique, les représentants de la vieille droite américaine, isolationniste, défenderesse des droits des états contre le pouvoir fédéral, et généralement adversaires du centralisme et de l’emprise sans cesse croissante de l’état fédéral sur la société américaine.

En fait, ils pourraient être libertariens s’ils n’étaient souvent protectionnistes et peu ou prou tenants d’un certain ordre moral qu’il s’agirait d’imposer urbi et orbi. Ces authentiques conservateurs, dont le représentant actuel le plus connu est sans doute Pat Buchanan, sont souvent accusés de racisme et d’antisémitisme en raison de leur combat contre l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1940, contre l’actuelle politique américaine de soutien inconditionnel à Israël ou encore pour s’être opposés au mouvement des droits civiques, pour des raisons pas toujours aussi mauvaises que ne voudrait nous le faire croire la presse européenne. Bizarrement, ces accusations émanent généralement des néo-conservateurs, dont il sera question plus bas, et sont ensuite relayées par presque toute la presse dans un unanimisme touchant.

Cette droite authentique a beaucoup perdu en influence pendant la guerre froide et n’a commencé à relever la tête que tout récemment.

Les néo-conservateurs sont les descendants politiques d’une coterie d’intellectuels, souvent Juifs et trotskistes, qu’un de ses membres les plus éminents, Irving Kristol (le père de Bill – celui qui est passé chez Ardisson) décrivit un jour comme « des gauchistes agressés par la réalité ». Leur anti-stalinisme tout trotskiste s’est graduellement modifié en un anticommunisme militant qui les a poussés à mener un combat acharné en faveur de la course aux armements, de l’état fédéral et du complexe militaro-industriel. Un des grands thèmes des néo-conservateurs durant la guerre froide était que la lutte traditionnelle de la droite contre l’accroissement des pouvoirs de l’état était dépassée, et que la lutte contre le communisme justifiait au contraire un état fort, voire total, le tout enrobé d'un nationalisme américain caricatural.

A ce militarisme outrancier vient s’ajouter un soutien indéfectible, non pas à Israël, mais à l’extrême droite israélienne ; Richard Perle, autre néo-conservateur américain connu, se paye même le luxe d’être plus radical encore qu’elle ne l’est.

Souvent, les intellectuels néo-conservateurs sont « laïcs », ou, de manière plus exacte, anti-chrétiens, et ils ne se privent pas d’accuser leurs adversaires à droite d’antisémitisme (même lorsqu’ils sont Juifs…) et de racisme, fidèles en cela aux plus belles traditions de la culture du débat gauchiste.

Finalement, si les néo-conservateurs s’opposent aux excès les plus criants du politiquement correct, ils n’en sont pas moins, en matière socio-économique, aussi sociaux-démocrates et keynésiens que la gauche modérée américaine.

En d’autres termes, le néo-conservateurs s’opposent en tout aux traditions de la droite américaine, actuellement défendues par le paléo-conservateurs, qu’ils haïssent et combattent sans relâche par tous les moyens, le plus efficace étant évidemment la prétention d’être l’unique voix de la droite « respectable ». Ce n’est pas sans raison que Pat Buchanan a déclaré qu’ils avaient « détourné » la droite à la faveur de la guerre froide.

Si les néo-conservateurs sont relativement peu nombreux, ils ont néanmoins su se ménager une énorme influence grâce à leur mainmise sur divers organes de presse (principalement le Wall Street Journal et la chaine de télé Fox News) et à l’importance que la presse de gauche - qui les trouve beaucoup plus fréquentables et « responsables » que les paléos - attache à leurs opinions.

Bizarrement, le programme des néo-conservateurs, après la fin de la guerre froide, a évolué vers une espèce de messianisme démocratique selon lequel la « destinée manifeste » des Etats-Unis serait d’imposer le modèle US – leur modèle US, bien entendu – partout dans le monde. Stratégiquement, le tout s’articule comme une poursuite de l’aventure coloniale britannique, sous l’égide américaine bien entendu. Leur soutien fanatique à Israël explique par ailleurs pourquoi ils poussent depuis plus de quinze ans au renversement de Saddam Hussein, menace stratégique permanente pour la sécurité de l'état Juif.

Leur moment est venu grâce à l’appui décisif des deux autres groupes qui définissent la présidence de Bush Junior. Ce sont les fondamentalistes protestants - qui soutiennent le « rétablissement » d'Israël en Terre Sainte parce qu’ils s’imaginent hâter de la sorte le Jugement dernier - et ce que Murray Rothbard appelait plaisamment le « Rockefeller World Empire », c’est-à-dire les grands intérêts industriels et financiers de la côte Est liés au gouvernement fédéral, et dont la famille Bush est depuis toujours le représentant.

Ces trois groupes ont trouvé leur compte à cette guerre (extension de l'empire et protection d’Israël pour les néo-conservateurs, précipitation de la chute de « Babylone » et de la reconstruction du Temple pour les fondamentalistes, juteux contrats pétroliers pour le « Rockefeller World Empire ») et leur alliance a provoqué la chute de Saddam.

Voilà ce qu’Ardisson aurait pu expliquer s’il était sorti de ses schémas de bobo parigot.

Ceux que ces thèmes intéressent trouveront une foule d’infos ici.

Spécifiquement au sujet des guerres américaines, la ressource indispensable est Antiwar.com et plus particulièrement l'excellent Justin Raimondo.

posted by melodius 7.7.03



{2.7.03}

 
me and gengis

Gengis me reproche, si je le comprends bien, de caricaturer les propos de Hoppe et de lui chercher des querelles d’Allemand en affirmant qu’il a « réinventé » la théorie du contrat social, hochet favori des étatistes (1).

Il est exact que les monarques médiévaux acceptaient ou expulsaient des populations « étrangères » selon l’intérêt pécuniaire qu’ils y trouvaient. L’histoire des Juifs en Europe en fournit une excellente démonstration, ainsi que celle, nettement moins connue, des Tsiganes en Roumanie. Je suis également totalement d’accord avec Hoppe pour considérer qu’au-delà des arguments strictement économiques, il faut être attentif avant tout à des considérations de justice. J’estime néanmoins qu’on peut à bon droit signaler qu’en bonne et saine théorie économique, les barrières à l’immigration sont néfastes, en tout cas en absence d’état providence, et que cette constatation a une influence sur le jugement que l'on peut poser sur ce phénomène.

Je voudrais également faire remarquer que, contrairement à ce que semble penser Gengis (voir son texte que j’ai intitule « gengis on hhh ») on voyageait assez facilement en Europe jusqu’au 18ème voire au 19ème siècle, même lorsqu’on était ressortissant d’un pays avec lequel le pays visité était en guerre. Mais je reconnais qu’il ne s’agissait pas là de l’établissement durable de groupes importants.

Il me semble avoir écrit assez clairement que je suis d’accord avec Hoppe sur le système qui devrait prévaloir en absence d’état.

Le désaccord porte sur ce qu’il convient de faire hic et nunc, dans le cadre qui existe actuellement.

Je sais que Hoppe n’en appelle pas à la restauration des monarchies en tant que telles, mais il exprime quand même explicitement l’idée que les états actuels devraient se comporter « comme s’ils étaient propriétaires du territoire ». Je persiste à croire que c’est une idée extrêmement dangereuse qui est de nature à légitimer toute augmentation du pouvoir de l’état. C’est d’ailleurs à peu près l’idée fondamentale du contrat social, c’est-à-dire de l’état mandaté par les citoyens pour protéger leurs droits.

Hoppe répète donc le pêché originel des libéraux classiques, qui s’imaginaient pouvoir assigner à l’état un rôle limité. La dynamique propre aux élites politiques et à leurs clientèles, surtout en régime démocratique, provoque cependant une inflation immédiate et énorme de toute parcelle de pouvoir concédée à l’état, il suffit de réfléchir et surtout d’étudier l’histoire des états occidentaux pour s’en apercevoir. Il est assez paradoxal que Hoppe, pourtant extrêmement lucide à ce sujet, ne s'aperçoive pas de cette faille dans son raisonnement. Je maintiens donc que cette idée est chimérique, nuisible et totalement incompatible avec la philosophie libertarienne.

Toutes les autres propositions de Hoppe (sécession, privatisation des espaces « publics », etc.) reviennent en fait à instaurer une société libre (ou anarcho-capitaliste), ce qui est évidemment merveilleux, mais ne résout donc pas le problème de ce qu’il convient de faire avant l’avènement de cette société libre.

Enfin, Hoppe est susceptible d’une lecture xénophobe et ultra-droitière – je n’ose dire si cette lecture est exacte ou non – et désert à ce titre le mouvement libertarien, que nos ennemis n’ont déjà que trop tendance à qualifier de fasciste et de raciste. Ce genre de propositions ne me paraissent donc non seulement fausses dans leur principe, mais également inopportunes d’un point de vue strictement tactique.

1. Pour une réfutation de la théorie du contrat social, voir Lysander Spooner, No Treason, the Constitution of No Authority
posted by melodius 2.7.03


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