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{8.2.05}

 
liberté, propriété... souveraineté ?

De l’étroite relation entre la liberté et le droit de propriété, plusieurs libéraux et libertariens déduisent hâtivement une proximité juridique entre ce dernier et un principe pourtant peu libéral : la souveraineté. Or celle-ci ne ressortit pas au juste exercice d’un droit de propriété, mais bel et bien à la puissance politique. N’est-ce pas ainsi que l’un de ses plus célèbres théoriciens, Jean Bodin, la définissait au XVIe siècle?

La souveraineté est la puissance absolue & perpétuelle d'une République, que les Latins appellent majestatem, les Grecs [. . .], les Italiens Segnoria, duquel mot ils vient aussi envers les particuliers, & envers ceux-là qui manient toutes les affaires d'estat d'une République : les Hébreux l'appellent [. . .], c'est à dire, la plus grande puissance de commander.

Voilà donc ce qui fonde la doctrine moderne de l’Etat. La différence entre les principes propriétaristes et la thèse souverainiste devrait logiquement sauter aux yeux : tandis que les premiers concernent les rapports des individus aux choses, la seconde concède à certains individus le droit d’en commander et gouverner d’autres. Certes, une juste compréhension des droits de propriété conduit également à définir les rapports entre individus ; mais cette approche repose entièrement sur des fondements juridiques, excluant toute idée de domination et d’arbitraire politiques. En effet, dans la vraie perspective juridique, les individus sont jugés à la même aune : leur commune obligation de respecter les droits des autres hommes. Autrement dit, ils sont égaux devant la loi. En revanche, la souveraineté implique un déséquilibre en faveur des gouvernants (démocratiques ou non) de sorte qu’ils restent libres d’exercer leur pouvoir hors de toute mesure. Paradoxalement, alors qu’ils sont considérés aujourd’hui comme les seuls producteurs légitimes de normes, les gouvernants vivent non sous le règne du Droit, mais bien hors-la-loi - les contre-pouvoirs censés limiter leurs actions ayant, en outre, été progressivement absorbés ou contaminés par la logique du Pouvoir (et des partis).

Généralement, l’accord est établi sans difficulté excessive entre libertariens sur les points que je viens d’aborder très brièvement. Mais la belle unanimité se rompt dès que nous venons à nous intéresser à définir les droits légitimes du propriétaire privé. Guidés sans doute par un raisonnement quelque peu manichéen, plusieurs anarcho-capitalistes estiment que, du moment que l’Etat n’est plus là, le propriétaire agira forcément bien ou, en tout cas, sera légitimé à faire n’importe quoi puisqu’il est chez lui. Un tel argument est absurde. J’ajouterais même que ceux qui le tiennent commettent un contresens dommageable aux idées libérales. En effet, si s’appuyer sur une philosophie propriétariste pour critiquer le pouvoir étatique constitue une entreprise ô combien salutaire, cela ne signifie cependant pas qu’elle soit destinée à décréter : « Tout ce qui est privé est formidable ! » Tant s’en faut ! Ainsi, un particulier qui décide de louer son bien immobilier ne pourra pas, sous prétexte qu’il est chez lui, vider le frigo de ses locataires ni leur « emprunter » la voiture qu’ils ont parquée dans le garage lui appartenant (et dont ils paient l’emplacement sans regimber). De même, un propriétaire ne peut pas exiger de ses invités masculins qu’ils lui prêtent leur épouse ou compagne afin d’assouvir ses fantasmes libidineux !

Croyant évacuer l’État, certains libertariens le réintroduisent pourtant en privatisant la souveraineté. Or, ne nous lassons pas de le répéter, une cascade de privatisations ne suffit pas à définir une société libérale. Que signifierait, par exemple, la privatisation des douanes, de la guerre, de l’impôt ou des camps de concentration (pour citer des occurrences tristement célèbres - bien que d’inégale gravité, naturellement - de la souveraineté étatique) ? C’est simple : elle consisterait ipso facto à privatiser des activités criminelles ! En quoi les libéraux, partisans de l’état de Droit s’il en fut, devraient-ils s’en solidariser ? Évidemment en rien. Plus généralement, la privatisation des entreprises ne suffit pas à rendre toutes leurs pratiques a priori justes. Elle n’est qu’une condition nécessaire à la prise de responsabilité des producteurs, et certainement pas une garantie absolue qu’ils se comporteront tous lucidement et honnêtement. La propriété privée n’augure en rien la manière dont la jouissance d’un bien sera exercée ; elle lie uniquement liberté et responsabilité. Et c’est déjà énorme !

La confusion propriété-souveraineté s’illustre aussi dans le problème de l’avortement. Il est devenu commun, dans une optique rothbardienne, de considérer que cette action ressortit exclusivement à la volonté de la mère - laquelle, en vertu de son droit de propriété sur elle-même, pourrait dès lors ôter la vie au fœtus qu’elle porte ! En d’autres termes, elle disposerait, selon les « pro-choice », d’un droit de vie et de mort sur le fruit de ses entrailles. Mais au nom de quelle légitimité une femme tuerait-elle un être innocent - lui réservant, en outre, un sort au moins égal à celui d’un cambrioleur menaçant ! - et pourquoi un libertarien (par principe, défenseur acharné du principe de non-agression - pierre angulaire de l’anarcho-capitalisme) devrait-il cautionner une telle agression létale ? Cela reviendrait à renverser purement et simplement la logique libertarienne. Car, pas plus qu’un individu n’est propriétaire de la vie des personnes présentes chez lui, une femme n’exerce de droit de propriété sur l’embryon ou le fœtus qu’elle porte. Pour résumer, nul n’a le droit de se déclarer propriétaire d’un autre être humain ; l’idée de propriété n’est valable qu’en rapport avec des objets.

Il n’est, du reste, pas étonnant que - dans le camp libéral ou réputé tel - ce soient principalement les Objectivistes qui soutiennent sans réserve cet homicide commis avec la bénédiction de nombreux gouvernements (au point qu’il est permis de parler d’ « État avorteur »), comme la plupart d’entre eux approuvent avec la plus inextinguible ferveur propre aux pires fanatiques les massacres de non-Occidentaux, massacres qu’ils estiment d’ailleurs trop tempérés ! Néanmoins, je pense sincèrement que, nonobstant le cas très particulier des randroïdes, la plupart des libertariens défendant le droit à avorter se trompent de bonne foi et sans aucune espèce de malignité de leur part.

Précisons, d’autre part, que la position anti-avortement ne traduit aucune inclination religieuse particulière ; elle renvoie tant à un examen scientifique du problème qu’à une stricte application de notions juridiques éprouvées. En bref, elle n’est pas affaire de morale ou d’opinion, mais seulement de jugement objectif : nul ne peut assassiner un être humain.

Loin donc de se caractériser comme une pensée prométhéo-randienne, le libertarianisme est en réalité une philosophie de la mesure et de la sagesse ; opposée à l’hybris souverainiste trouvant parfois à s’incarner dans le dérèglement totalitaire de la loi.

Omer Vidolis
posted by melodius 8.2.05



{2.9.04}

 
l'anneau des libertés

Je quitte aujourd'hui "l'anneau des libertés".

Si j'ai beaucoup d'amitié pour son initiateur, Fabrice Ribet, ainsi que pour ses premiers membres, l'apparition de blogs se définissant explicitement comme "anti-libertariens" sur ce webring me parait inacceptable.

Je conçois que dans le contexte politique pourri où se meuvent les Français, une grande alliance des forces libérales, voire de droite, puisse paraître attrayante, même si je pense que c'est une erreur. Quel est en effet l'intérêt d'une grande politique des alliances lorsqu'on est lu régulièrement par, à tout casser, 500 personnes dispersées dans le monde entier ? Nous ne sommes pas en train de constituer un gouvernement, nous sommes en train "d'agiter des idées". Le compromis, à ce stade, ne peut que nous nuire. Et en plus, ce n'est pas drôle.

De plus, je suis Belge, et plutôt orienté vers le libertarianisme US que vers ceux qui revendiquent, trop souvent à tort, cette étiquette en France. Je n'ai donc aucune raison de participer à un grand-messe unanimiste où nous devons ménager les représentants d'une droite conservatrice, rétrograde, dépourvue d'idées et glissant peu à peu dans l'hystérie xénophobe. Non seulement nous risquons d'être associés à eux, mais le rapport de force hors du monde virtuel étant ce qu'il est, nous les renforçons en ne leur apportant pas la contradiction.

J'espère que ceux qui ne partagent pas mon point de vue ne prendront pas cette décision de mauvaise part. Souffrez que nous puissions rester amis sans nous accorder sur tout.
posted by melodius 2.9.04



{24.8.04}

 
compte rendu de « An Enemy of the State », 2ème partie

Dans un post antérieur, mon ami melodius avait commencé à vous présenter la biographie de Rothbard due à Justin Raimondo. En accord avec mon hôte, je me charge de vous informer de la suite des aventures du vieux Murray.

Les années 60 se présentent difficilement pour un amoureux de la liberté aussi fervent que Rothbard (dont le premier grand livre sort à cette époque : Man, Economy & State, qui poursuit l’oeuvre entreprise par Mises dans Human Action). D’une part, à l’extension continuelle du Welfare State s’ajoute le conflit du Vietnam. D’autre part, les conservateurs qui rejettent le bellicisme propagé par la droite dite « moderniste » que conduit le directeur de la National Review, William Buckley (précurseur des célèbres néo-conservateurs), sont excommuniés pour anti-étatisme et/ou « extrémisme ». Dans ce contexte, les libéraux radicaux vont avoir l’occasion de pouvoir démontrer par l’exemple la justesse de leurs vues sur la nocivité de l’État dans tous les domaines.

Afin de poursuivre l’œuvre de la Old Right, Rothbard fonde ses espoirs sur une nouvelle forme d’anti-étatisme qui commence à se faire connaître : la « Nouvelle Gauche ». Celle-ci a émergé dans les campus en réaction à l’influence grandissante du gouvernement dans l’organisation des universités. En cela, ces étudiants se situent à l’opposé des Démocrates New Dealers pour lesquels il n’y a jamais trop d’État et qui, par le biais de l’idéologie de la Great Society, perpétuent l’héritage socialiste de Roosevelt. De même, les militants de cette nouvelle gauche dénoncent avec virulence les manoeuvres néfastes du lobby militaro-industriel - alors à son apogée, Guerre froide oblige - qui est le type même de faux marché dépendant exclusivement des commandes gouvernementales. De quoi rendre ces jeunes gens échevelés sympathiques à notre économiste anarchiste. Associé à son ami Leonard P. Liggio, il crée en 1965 la revue Left & Right, à travers laquelle il va tenter d’unifier les représentants les plus libertaires de la New Left avec la droite libertarienne. Dans le fond, le combat anti-impérialiste n’est qu’un autre nom pour la défense de l’isolationnisme, chère à la tradition paléo-conservatrice des Mencken, Taft et autres Garett. Il faut par ailleurs noter que l’ancien nègre de Barry Goldwater (candidat républicain aux élections présidentielles de 1964), Karl Hess, rejoindra brièvement le mouvement, publiant en 1969 sa profession de foi - Death of Politics - dans un numéro de Playboy.

Durant cette période de rapprochement, l’auteur de Power & Market s’intéresse également au mouvement noir. Mais, là encore, il refuse la tiédeur et les idées reçues. Pour lui, la solution à l’oppression policière contre les Noirs ne passe pas par une politique d’intégration forcée (financée par l’extorsion fiscale et se traduisant par l’implantation de terrains de sport, de bourrage de crâne soi-disant éducatif, etc.). Cette option n’est, en effet, que l’autre face de l’agression étatique et ne contribue, de surcroît, qu’à envenimer les relations inter-ethniques. C’est pourquoi aux discours lénifiants de Martin Luther King, il préfère ceux d’un Malcolm X, au sujet duquel il écrira bien plus tard un article récapitulant sa position.

Cependant, Rothbard se lassera très vite de l’attitude anti-propriétariste et moralement laxiste manifestée par la gauche libertaire, et il rompra donc avec elle. Un article au titre révélateur, datant de 1970, témoigne de sa vive déception : « Les Anarcho-communistes ». Dans un essai théorique important, Freedom, Inequality, Primitivism and the Division of Labor, il mettra les points sur les i en démontant scientifiquement l’aberration égalitariste. Ce qui sépare Rothbard des idéologues gauchistes est qu’il ne nie nullement la légitimité d’élites naturelles, qui ne doivent toutefois pas être confondues avec les aristocraties artificielles produites par l’État (et qui le nourrissent).

Son divorce d’avec la New Left étant consommé au début des années 70, cela ne l’empêche évidemment pas de continuer, au sein du Libertarian Forum, à fustiger l’impérialisme US au Vietnam ni de critiquer avec fougue la politique inflationniste de « Tricky Dick ». Ensuite, l’année 1972 voit la fondation du Libertarian Party, à laquelle notre auteur a activement contribué. En son sein, il devra de nouveau affronter la frange des hippies férus de contre-culture, qui voient d’un très mauvais œil la promotion de candidats comme Roger MacBride, producteur de La Petite Maison dans la Prairie, trop bourgeois à leur goût (mais parfaitement en adéquation avec les préférences culturelles plus traditionnelles du vieux Murray).

Un autre grand événement de cette période faste (notamment quant au nombre d’articles et de livres publiés, pensons à son manifeste For A New Liberty ou à sa monumentale histoire de l’Amérique pré-révolutionnaire) est la naissance du Cato Institute (dont le nom s’inspire des Cato’s Letters publiées peu avant la Révolution américaine), le milliardaire Charles Koch se chargeant d’en assurer le financement. Rothbard y trouvera un appui, rédigeant notamment une note stratégique confidentielle : Toward A Theory of Libertarian Social Change. Les conservateurs de la National Review en ayant eu l’écho, lanceront une campagne calomnieuse à travers laquelle ils peindront Rothbard dans la peau d’un nouveau Lénine voulant détruire la liberté américaine. Venant d’aussi fervents étatistes, la critique ne manque pas de sel ! Surtout, c’est ignorer que le concept de lutte des classes auquel l’économiste se réfère provient d’auteurs libéraux : Charles Comte et Dunoyer, qui distinguaient les producteurs de richesses, pourvoyeurs involontaires d’impôts, et les consommateurs d’impôts (les hommes de l’État et leurs clients).

Cependant, le célèbre institut libéral tendra, à l’initiative de son président Ed Crane, à affadir son discours : ainsi, l’analyse autrichienne cédera de plus en plus la place à des perspectives mieux considérées par l’Establishment (tel le point de vue des disciples de Milton Friedman). Signe de cette quête de respectabilité, le think tank quittera la Californie pour s’installer à Washington DC. À cela s’ajouteront les manoeuvres politiciennes de Crane pour faire valoir des candidats falots.

À cette époque paraît l’un des chefs-d’œuvre de Rothbard, Ethics of Liberty, où il expose les fondements philosophiques de l’anarcho-capitalisme.

Prenant ses distances avec le parti libertarien et avec le Cato, Rothbard va bénéficier de l’amitié de Llewellyn H. Rockwell Jr., pour travailler - au sein du Mises Institute (nommé ainsi avec la caution de la veuve du grand économiste autrichien) - dans un cadre enfin favorable. Simultanément à ses travaux théoriques et à son enseignement de plus en plus prisé, notre auteur continuera son œuvre de pamphlétaire intraitable, éreintant sans ménagement les fausses audaces économiques de Reagan comme sa politique étrangère. Au cours de la décennie suivante, la première Guerre du Golfe comme les actions militaires en Somalie, ou en ex-Yougoslavie ne vont pas tarir sa verve anti-interventionniste. De même, il fustige les fausses initiatives « libre-échangistes » (OMC, ALENA) qui ne sont qu’autant de prétextes à renforcer la bureaucratie de Washington et à privilégier des hommes d’affaires en cheville avec le Pouvoir central. En cela, il rejoint le trop décrié Pat Buchanan, qu’une campagne de diffamation avait accusé d’antisémitisme, tout simplement parce qu’il ne pensait pas que l’intérêt des Américains était de dire amen aux thèses du Likoud.

La boucle était bouclée, venu de la droite non-interventionniste, puis ayant fait un crochet par la nouvelle gauche anti-autoritaire, Rothbard réaffirma à la fin de sa vie son attachement à la Old Right. D’après lui, il était temps de ranimer un populisme de droite, susceptible de rallier à la cause libérale la classe moyenne, principale victime de l’étatisme des politiciens de Washington.

Le vieux savant meurt le 7 janvier 1995. Sa monumentale History of Economic Thought paraîtra deux ans plus tard.

Omer Vidolis
posted by melodius 24.8.04



{24.6.04}

 
ombre et lumière

Darty est une très grande entreprise, fondée par deux frères qui ont eu assez de flair pour détecter cette opportunité gigantesque il y a plusieurs décennies déjà: vendre à bas prix de l'électroménager. La force de ce réseaux de Grandes Surfaces, c'est le service après-vente. C'est probablement ce qu'il y a de plus important dans ce type d'activités, tant il est agaçant de posséder un mixer qui ne fonctionne pas, ou une machine à laver qui ne lave pas.

Eh bien pour les guerres, c'est la même chose. Le plus important, c'est le service après-vente.

Les USA, ou Georges Bush, ou je ne sais trop qui ou quoi ont réussit une performance que même Darty n'est pas arrivé à obtenir: construire un réseau de service après-vente composé de bénévoles (donc gratuit) qui prêchent la bonne parole aux masses endoctrinées par les excès du pacifisme, disent-ils, de la lacheté, de la kollaboration pour les plus en forme. On entend parler de "munichois", de "complices objectifs de Saddam Hussein".

Un exemple ici: un blog qui s'appele A l'endroit et à l'envers, ou quelquechose comme cela, tenu par le webmaster de la Page Libérale, une sorte de néo-conservateur étatiste, avec quelques grammes de libéralisme sur les sujets tarte à la crème comme la CGT, le Parti Socialiste, etc.... Admettons cependant que ce soit un ami de la liberté.

A propos de cette guerre d'Irak, que ces néo-conservateurs appelent la "Bataille d'Irak", malgré l'accumulation de preuves selon lesquelles le régime de Saddam Hussein n'a que peu de rapport avec la tragédie du 11/09/2001, malgré le fait que la découverte des armes de destruction massive commence cruellement à se faire attendre, malgré les exactions commises par du personnel militaire de l'armée américaine, l'auteur de ce blog persiste à soutenir l'administration Bush contre vents et marées, en admettant tout de même du bout des lèvres qu'il raconte quasiment n'importe quoi.

Cette attitude est pour le moins curieuse. La question est: pourquoi? J'avoue ne pas connaître la réponse, j'ai une première hypothèse de travail: il aime bien jouer à Risk

Ponctualité et efficacité, ce sont les valeurs du service après-vente de Darty.

Soutien indéfectible jusqu'au ridicule, amour immodéré de la violence d'Etat par la guerre, justifications de massacres de civils par l'armée US, justification de la torture (nous sommes, je le rappele, au 21ème siècle) ce sont les valeurs des soutiens indéfectibles de Georges W. Bush en France, ce sont ça les valeurs de ces war-junkies, ce sont ça les valeurs du blog sus-mentionné.

Personnellement, je préfère Darty à Georges W. Bush.

Chitah
posted by melodius 24.6.04



{16.6.04}

 
comme on fait son lit, on se couche

L’ami Aristophane a déjà écrit bien des choses intéressantes au sujet du résultat des élections régionales de ce dimanche et m’a d’ailleurs forcé à récrire le texte que j’étais en train de commettre moi-même.

Il y cependant encore quelques enseignements à en tirer.

D’abord, la victoire éclatante du PS le rend plus indéracinable que jamais en Wallonie. Il devient même le premier parti en Luxembourg, bastion historique des démocrates chrétiens. Ce bon résultat semble avoir été acquis sur le dos d'Ecolo et, dans une moindre mesure, du MR « libéral ». Une fois de plus, le clientélisme socialiste et l’agitation constante de la peur du lendemain s’est révélée payante. Pour les Bruxellois et les Flamands, il y a de quoi être désespéré.

Remarquons également la remontée, en réalité la stabilisation à un niveau plus conforme à son potentiel, du CdH ex-démocrate chrétien, définitivement axé à gauche sous la houlette de la détestable Joëlle Milquet.

Un élément intéressant est la percée (toute relative) du FN dans plusieurs bastions socialistes. Or, l’expérience flamande démontre que l’extrême droite commence sa croissance en braconnant sur les terres socialistes. Dieu seul sait ce qui pourrait arriver si le FN parvenait à devenir un parti digne de ce nom plutôt qu’une bande de déclassés et de Napoléons d’opérette se disputant le devant de la scène.

A Bruxelles, pour la première fois, le PS devient le plus grand parti de la capitale et détrône le MR. Probablement cet échec « libéral » est-il attribuable en grande partie à l’effet Picqué, dont l’image modérée et pragmatique et la personnalité sympathique ont séduit nombre d’électeurs libéraux dégoûtés par les frasques du MR (dérive à gauche, cohabitation forcée avec l’ennemi historique FDF, valse des portefeuilles, mépris du parti pour les spécificités bruxelloises, etc.) Le PS a aussi su se gagner des voix naguère écologistes. La percée du Vlaams Blok n’aura pas lieu, celle-ci ne pouvant se réaliser que grâce à l’apport de voix francophones que ses points de vue violemment anti-francophones et anti-bruxellois lui aliènent. Il faut d’ailleurs remarquer que la région du pays où l’immigration est la plus présente est la seule à n’avoir pas fait progresser les nazillons de tout poil et a au contraire élu bon nombre de candidats basanés avec des scores parfois impressionnants.

En Flandre, l’arrogance du VLD, parti libéral flamand, sa politique du tout à l’image et sa gestion imbécile du droit de vote communal des étrangers non-européens lui coûtent très cher. Rappelons que le VLD savait, avant d’entrer dans le gouvernement fédéral, que ses trois partenaires comptaient faire passer cette « mesure » et qu’une majorité alternative était disponible pour le faire. Plutôt que de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de défendre le projet auprès de sa base, après tout pas beaucoup moins enthousiaste que celle du MR, ou alors de quitter le gouvernement, il a tenté une demie opposition au gouvernement qu’il dominait en s’entre-déchirant par la même occasion. Ce genre d’erreurs se paie très cher : le VLD est tout juste parvenu à accréditer auprès de l’électorat l’idée que ce droit de vote (dont le poids réel sera tout à fait négligeable) est inacceptable et qu'il était composé de fieffés opportunistes puisqu'il le laissait passer. En ce faisant, il a poussé bon nombre de ses électurs tout droit dans les bras du Blok.

Le bénéficiaire provisoire des bévues libérales est le démocrate chrétien CD&V. J’écris « provisoire » parce qu’à part une fuite en avant communautaire promise à son partenaire nationaliste NVA et à l'électorat, le CD&V ne pourra pas faire grand chose, étant obligé, soit de constituer une tripartite avec les socialistes du SP.a et le VLD, ce qui ne sera pas facile après une campagne ultra-négative, soit de s’allier avec le Vlaams Blok, ce qu’il refuse de faire.

Le vrai gagnant est évidemment le Vlaams Blok, qui représente désormais pas moins d'un million d’électeurs, soit un Flamand sur quatre. Les cadres de ce parti sont pour la plupart issus tout droit des milieux de la collaboration et des groupuscules d’extrême droite qui ont fleuri en Belgique durant les années septante. Le Blok est beaucoup plus idéologique et radical que la plupart des autres partis d’extrême droite européens, même s’il a su s’attirer des personnalités issues de milieux conservateurs.

Les motifs de ses électeurs sont cependant beaucoup plus terre-à-terre que les délires de type ordre nouveau ou nouvelle droite: les interviews et les conversations de café sont relativement claires à ce sujet. C’est la haine des « étrangers » et des politiciens « qui ne tiennent pas leurs promesses » qui motive l’électorat blokker, visiblement plus populaire que celui des autres partis. La solution est donc toute trouvée: attribuer aux autochtones les fruits du pillage fiscal qui jusqu’à présent allaient aux « étrangers » et aux Wallons. Le vote Blok est donc un vote tout aussi socialiste que le vote PS, mais il ne s'agit plus de prendre l’argent aux patrons pour le donner au prolétariat, mais de donner l'argent pris aux patrons au prolétariat autochtone plutôt qu'aux « étrangers » et aux Wallons.

On remarquera que l’énorme succès du Blok dans une des régions les plus riches du monde, par ailleurs à peu près en situation de plein emploi, montre toutes les limites de l’éternelle ritournelle selon laquelle il suffit de « créer des emplois » pour éliminer l'extrême droite.

Comme Aristophane, je pense qu’il n’y a que la solution "autrichienne" qui peut contrer le Blok : le CD&V doit accepter de gouverner avec lui. Si le CD&V s’y refuse, le Blok sera la seule opposition réelle au futur gouvernement flamand faiblard et divisé, et on lui offre sur un plateau d'argent une majorité absolue aux prochaines élections. Idéalement, cette participation doit se prolonger au niveau fédéral, afin de ne pas provoquer de conflit ouvert entre les différents niveaux de pouvoir qui menacerait l’existence même de la Belgique. C’est le seul moyen, tout d’abord de permettre aux électeurs de voir quelle est la différence entre les discours et leur mise en pratique (le programme du Blok est un ramassis de sornettes), ensuite de renforcer par une cure d’opposition socialistes et libéraux.

Si les partis francophones tiennent encore un tant soit peu à l'état fédéral, comme ils ne cessent de l'affirmer, le moment est venu de montrer un peu de solidarité avec les Flamands et d'avaler la pillule.

Je conçois par ailleurs que le CD&V ne piaffe pas d’impatience à l’idée de devoir remplir ce double sacrifice, mais ne peut-on exiger de la part de bons chrétiens un peu d'altruisme de temps à autre ? Tiens, si ça peut les motiver, s’ils s’y décident, je voterai pour eux la prochaine fois. Ca tombe bien, un de mes potes est sur leurs listes !
posted by melodius 16.6.04



{27.5.04}

 
plus ça change...

Une nouvelle aventure virtuelle commence : chacun pour soi, un blog collectif regroupant la plupart des anarcho-capitalistes du forum liberaux.org. Le soussigné participe évidemment au projet.

J'avoue ne pas encore trop savoir quel sera l'influence de cette heureuse naissance sur ce blog-ci, mais a priori, rien ne changera. Chacun pour soi se veut plus nerveux et proche de l'actualité que je ne l'ai été jusqu'à présent, tout dépendra donc de l'affectation du temps dont je dispose pour faire le guignol sur le net.

Mais trève de bavardages, gentil lecteur, nunc est bibendum ! Un petit voyage vers chacun pour soi s'impose...
posted by melodius 27.5.04



{5.5.04}

 
der Untergang des Abendlandes

Zek a publié ces derniers jours quelques articles qui ont eu l’heur d’énerver certains lecteurs et de provoquer un dialogue (d’intérêt très variable…) avec d’autres.

L’événement est de taille (enfin, dans le microcosme libéral francophone et virtuel …) puisque c’est la première fois que notre star de la blogosphère explicite quelque peu la vision du monde qui informe ses billets au vitriol.

Cette perspective se fonde paraît-il sur la théorie des « memes » dont le créateur est le biologiste britannique néo-darwinien Richard Dawkins. En bref, le meme serait l’équivalent intellectuel d’un gène. Il serait soumis, mutatis mutandis, à des pressions de type évolutionnaire et donc à la sélection naturelle. Par conséquent, le succès d’une idée politique ou religieuse peut être évalué par l’observation du groupe humain qui la professe. J’avoue ne toujours pas saisir si les adeptes de cette théorie la considèrent comme une métaphore particulièrement fertile ou s’ils lui attribuent une existence réelle.

D’après Zek, la tâche de l’intellectuel libéral consisterait à concevoir et à disséminer des memes liberaux aptes à survivre au « struggle for life » du monde des idées, étant entendu qu’un meme libéral trop pur (comme le meme libertarien par exemple) s’il est d’une rare beauté, ne saurait survivre longtemps par lui-même, faute d'être mâtiné d’autres memes indispensables à sa survie, du genre vertus militaires ou taux de fécondité élevé.

La première question que l’on peut se poser, dans le monde dépourvu de valeurs autres que vitales que semble habiter Zek, c’est pourquoi diable il nous faudrait défendre des idées libérales, puisqu’en Occident, le meme politique qui a gagne la course est la social-démocratie. De la même manière, et toujours dans une perspective zékienne, à quoi bon s'évertuer à promouvoir un meme faiblard comme le libéralisme, déjà défait par le meme social-démocrate, pour faire face au (soi-disant) super-meme islamiste qui menacerait la civilisation occidentale ? C’est d’ailleurs ce que semblent suggérer plusieurs des derniers articles de Zek, dans lesquels il observe notamment que la mutation islamiste du meme réac (qui perdure grâce à une extraordinaire faculté à parasiter jusqu’aux memes qui lui paraissent les plus inamicaux...) fait preuve d’une vitalité qui ferait tristement défaut au meme social-démocrate pédé, métissé, permissif, jouisseur, partouzeur, bref, on connaît la musique.

On n’en est pas encore au « If you can’t beat them, join them » que lui reprochent déjà certains (ex-) fans, mais on s’en rapproche à grands pas. En attendant, l’homme de goût, haut perché dans sa tour d’ivoire, observe avec mépris et parfois avec tristesse la décadence de la civilisation occidentale, incapable de faire face à des forces certes barbares, mais dotées de la virile vitalité qui fait défaut aux fins de race que nous sommes. Plus qu’une réflexion politique, puisque le combat contre les memes barbares est perdu d’avance, la pensée zékienne est donc une catégorie esthétique, une Pavane pour une Europe Défunte.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la pensée zékienne se réduit donc, en ultime analyse, à un pessimisme culturel irrationnel et tout spenglérien, qui semble consubstantiel à l’irruption du darwinisme dans la pensée politique, comme en témoigne à peu près toute la littérature politique du romantisme à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le seul (et maigre) espoir se trouverait de l’autre côté de l’Atlantique, où survit une mutation du meme libéral, une culture de pionniers couillus qui n’ont pas peur de se salir les mains lorsqu'il le faut.

On peut adresser de nombreuses critiques à une telle vision du monde. Tout d’abord, rien ne démontre qu’elle correspond à une quelconque réalité. Le meme existe-t-il ? En admettant que ce soit le cas, le meme social-démocrate mâtiné de jacklanguerie est-il réellement menacé par le meme islamiste, ou est-il au contraire en voie de détruire définitivement les cultures non-occidentales ? Partant, le meme islamiste (ou assimilé, pour les pays de tradition autre que musulmane) est-il réellement un superorganisme promis à un avenir brillant ou au contraire un anti-corps tristement inefficace et menacé de disparition à court terme, maintenant qu’il a commencé à s'attaquer à ses sociétés hôtes ? Plus fondamentalement, comme le relève très pertinemment Hobbes2004, un des interlocuteurs de Zek, ne détruit-on pas le meme libéral en l’associant à des memes létaux pour lui, comme le démontrent les problèmes insolubles auxquels doit faire face le grand oxymoron qu’est une société libérale en guerre ? Qu'est-ce que la culture occidentale sans les valeurs centrales du libéralisme, que même la social-démocratie n'a pu détruire ? Quand le pessimisme devient-il défaitisme et trahison ?

Je refuse pour ma part de me réfugier dans mon castel et de hisser le pont-levis. Je crois, selon les termes un peu grandiloquents d’un grand anti-nihiliste incompris, que la vocation de l’être humain est de devenir un enfant, un nouveau commencement et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, un "oui" sacré. Je crois que seule la liberté et l’échange permettent à l’homme de se réaliser et aux civilisations de briller. Je crois que la civilisation occidentale, malgré quelques épiphénomènes, auxquels il faut certes être attentif, mais sans y attacher plus d’importance qu’ils n’en ont, est plus forte et attrayante que jamais, pourvu qu’on ne laisse pas étouffer ce par quoi elle se définit prioritairement (souvent à tort, mais qu’importe) : la liberté.

L’heure n’est pas aux lamentations, elle est à l’action, et donc à l'optimisme et à la joie qu'inspire la perspective du travail qui s'annonce. Ceux qui ne sautent pas sont socialistes !
posted by melodius 5.5.04


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